Château Letard

Etat du manoir en1974 Document Inventaire Général

Château Letard Manoir de Saint Erblon (ancien proprietaire)

Premiers travaux de restauration du manoir où Noël vit le jour, il y a bientôt 500 ans.

CHÂTEAU LETARD, ce nom de belle consonance, aux syllabes chantantes, d’où vient il ?

 

 

 

 

 

 

CHÂTEAU LETARD est un lieu-dit situé sur la commune de SAINT ERBLON à environ un kilomètre et demi, à l’Est, en direction de Saint Armel.

Son nom proviendrait d’un de ses anciens possesseurs, à vrai dire le plus ancien auquel les recherches jusqu’alors ont pu mener, un certain Guillausme de CHASTEAULESTART, qui au milieu du XIVème siècle, fut en possession de cette terre noble.

Nous savons, par un acte de 1342, qu’il était le fils d’Aliette le Laboureur, et que c’est par le mariage d’une de ses descendantes, Jeanne de Chasteaulestart, que cette seigneurie entra dans le patrimoine des du Fail au début du XVème siècle. Les lettres patentes de 1588 rappellent que « l’ancienne maison et famille du Fail » provenait d’un « premier partage de la seigneurie de Châteaugiron » et que l’héritière de la maison de Château Letard avait épousé « Me Allain du Fail, chevalier, capitaine de Jugon, deux cents ans sont ou environ ».

Cette terre, ils la conserveront pendant près de deux siècles, puisque c’est seulement en 1599, que Françoise du Fail, nièce de Noël du Fail, mariée à Jean du ROUVRAY, et dernière du nom à détenir ce domaine, le cédera à David de CERISAY et à Françoise TROCHET, seigneur et Dame de la Salle au Jour.

Le manoir, érigé à l’emplacement d’un castel féodal, dont l’Inventaire Général conserve la mémoire, se trouve au sommet d’un des coudes formés par la sinueuse rivière de la Seiche, important affluent de la rive gauche de la Vilaine. Perchée sur un petit promontoire d’une quinzaine de mètres au dessus de la rivière, la gentilhommière se donnait des allures de château fort, chargé de défendre sa vallée, et de surveiller les mouvements des ennemis alentours. En fait, située au centre d’une étoile de chemins menant dans toutes les directions, vers Rollard, la Boisardière, Orgevaux et Mouillemuse, au-delà de la Seiche, ou vers Saint Erblon, le moulin de Blochet, la lande d’Ercé et Souillard, elle surveillait simplement les travaux des paysans du voisinage.

Quant à la toponymie, si la Borderie fait imprimer Château Létard, avec un é fermé, Emmanuel Philipot s’attache à rappeler que la prononciation dominante dans le pays est Château Letard, soit que l’e féminin protonique se laisse entendre, soit qu’il s’amuïsse en Château L’tard. L’accent sur l’é n’apparaît dans aucun des documents consultés par Philipot jusqu’à la fin du XVIIIème siècle. La prononciation « normale » est sanctionnée de façon originale par la carte d’Etat Major qui imprime en trois mots : Château Le Tard.

A signaler aussi l’interprétation latine rencontrée dans l’acte de baptême d’Antoine du Fail (9 Novembre 1540) : « filius …Franscicj du Faill dñi loci temporalis de Castrotardo ».          Il faudrait au moins écrire « de Castro tardi »….  le château du lambin !

Mais Letard, toujours écrit en un seul mot malgré l’interprétation latine de 1540, semble être un nom de famille d’origine germanique, se retrouvant dans un grand nombre de lieux dits, comme Puyletard en Vendée, ou en Ille et Vilaine le domaine de Pont Letard en Parigné.

Quant à l’œuvre littéraire de Noël du Fail, elle ne fait référence explicitement à son lieu de naissance qu’une seule fois, dans les Contes et Discours, chap. IX, (II, 10), « en fenant aux prairies de Château Letard ». Alors que cinq des chapitres des Baliverneries se groupent autour de Château Letard, à aucun moment il ne nomme le lieu qui l’a vu naître, et il ne décrit l’étendue assez vaste de prairies, de champs, de garennes, et de bois qu’il pouvait découvrir des fenêtres du manoir familial. C’est un fait curieux et inexplicable, que cet ami de la nature et des robins n’ait jamais décrit avec précision dans ses écrits, certains coins des paysages de son enfance.

Fort de son talent de peintre, il aurait pu nous donner à voir avec ravissement ces lieux où il joua, et que pourtant assurément il aima…