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«Les Amis de Noël du FAIL et d’Eutrapel».
Noël du Fail, seigneur de La Hérissaye, né vers 1520 dans la propriété familiale de Château Letard à Saint-Erblon (Ille-et-Vilaine) et mort en 1591 à Rennes, juriste et écrivain français.
Son œuvre, à la fois divertissante et sérieuse, constitue un témoignage intéressant sur la société rurale du XVIe siècle en Bretagne.
A part l’oeuvre universellement reconnue de Rabelais, la France du XVIème siècle n’a pas laissé le souvenir de romanciers d’envergure. Par son génie si puissant, Rabelais reste inclassable, et le rayonnement de son oeuvre n’épargnera aucun de ses contemporains, en particulier son disciple Saint Erblonnais.
A côté de ce géant, quelques auteurs ayant une adresse à bâtir une intrigue, à créer des personnages émouvants, ou comiques, capables de prendre corps dans l’esprit du lecteur, ont laissé une trace à travers des contes et des nouvelles dans notre mémoire.
Il s’agit de Marguerite d’Angoulême, reine de Navarre, par son « Heptaméron« , de Bonaventure des Périers, auteur des « Nouvelles récréations » et de Noël du FAIL au travers de ses « Oeuvres Facétieuses ».
Triomphe de la liberté d’esprit, ce qui rapproche Rabelais et du FAIL, est qu’ils ont en commun d’avoir su mêler une thématique sérieuse, qui expose les idéaux politiques, moraux et religieux, avec un discours carnavalesque, héritage médiéval des fabliaux et des farces.
Du FAIL à la fois réaliste, peignant admirablement certaines scènes, – et dans ce domaine ses « Propos Rustiques » sont le meilleur de ce qu’il nous a donné -, mais aussi moraliste, cherchant la vérité et la franchise, dénoncera toutes les hypocrisies, particulièrement celles de son milieu professionnel qu’il connait bien, celles des avocats et des magistrats, fustigeant ceux qui veulent s’élever au dessus de leur rang pour paraître.
Mais c’est en conteur joyeux qu’il le fait, brossant des tableaux comiques de ces ambivalences entre réalité des choses, orgueil des attitudes, et ridicule des gestes, reflétant par là, la dualité de sa nature profonde, emprunte tout à la fois de la gravité de ses fonctions juridiques, et de la légèreté de sa vision satirique des hommes et du monde.
Et la philosophie de du FAIL le montre clairement un disciple de Rabelais, la formule « Puys qu’ainsy est » qui clôt les Propos Rustiques étant bien peu éloignée dans son ton comme dans son esprit de celle de Pantagruel: « Ne vous souciez au reste« .
Comme Rabelais, il prit le parti de rire, d’être un émoustilleur de mots, pour faire passer ses idées. Pétri de culture classique, Noël aussi a savouré le savoir, et a su savourer…
Nul doute, que cette jeunesse tumultueuse dont il se plait à nous entretenir dans ses écrits, fut nourrie de livres qui s’ouvraient à lui comme un océan libérateur, à lui le cadet, et qu’il fut adepte de la Dive bouteille…
De ce « Hic bibitur » que son aîné tourangeau avait fait graver sur deux des piliers de l’Abbaye de Thélème : boire pour se rapprocher… se rapprocher de la connaissance et de la Vérité, se libérer des dogmes et des obscurantismes.
Car la Dive bouteille, c’est le gai savoir, la quintessence de la pensée, et non le tonneau des buveurs, bien sûr. Et la clé de la sagesse…
Rabelais nous conseille de devenir sage en buvant au tonneau de la science, la divine bouteille dans l’émerveillement et dans la joie. Par là, le sage tourne son regard en lui-même, et loin du tumulte et des passions, exerce librement son choix, le chapitre « La retraite d’Eutrapel » qui clôt les Contes et Discours ne nous dit pas autre chose.
Ainsi, il faut se garder de confondre ce Parlementaire atypique et original avec les écrivains facétieux de la même époque, et ne voir en lui qu’un conteur grivois, un bouffon, un plaisantin. Tout comme Rabelais qui ne fut point rabelaisien au sens où le vocable commun l’entend, mais un sage, du Fail porte à travers ses écrits facétieux le même message: « Mieux est de ris que de larmes escrire, Pour ce que le rire est le propre de l’homme. Vivez joyeux ».
Pour le XVIème siècle en Haute Bretagne, du FAIL, ethnologue avant la lettre, mêlant librement récits campagnards et réflexions humanistes dans une verve joyeuse souvent colorée de gauloiseries, est bien le seul dont l’oeuvre littéraire lui permet de revendiquer le statut d’auteur majeur, authentique « Rabelais breton« .
Et comme l’écrit Marc Gontard en 1999 dans l’Encyclopédie Bonneton :
« Le premier écrivain majeur de cette époque dans la région rennaise, reste sans conteste Noël du Fail« .